Cas vécu – Des parents de jumeaux devront-ils faire faillite?

Parents d’une fillette de 2 ans, Charles et Magalie viennent d’apprendre que la cigogne va leur apporter… des jumeaux! Avec leurs dettes d’études et de cartes de crédit en plus de toutes les dépenses à venir, ils se demandent s’il ne serait pas préférable qu’ils fassent faillite.

Charles est enseignant au secondaire et gagne un salaire de 52 000$ brut par an. Quant à elle, Magalie est technicienne en pharmacie et touche des revenus annuels bruts de 41 000$. Le congé de maternité a fait mal au budget du couple, et ils ont compensé le manque à gagner avec leurs cartes de crédit.

À eux deux, ils cumulent aujourd’hui 26 000$ sur leurs cartes, auxquels s’ajoutent leurs prêts étudiants de 9000$ pour Magalie et de 30 000$ pour Charles. Ce dernier a aussi un prêt personnel de 8000$. Ils peinent déjà à faire les paiements mensuels et sont très inquiets pour l’avenir. Avec l’arrivée des jumeaux, ils devront en effet déménager et acquérir meubles et accessoires, sans parler du coût des couches et du lait pour nourrisson. Ils ne voient pas d’autre solution que de faire faillite afin de se débarrasser de leurs dettes. Ils vont donc consulter un syndic autorisé en insolvabilité.

Montée en flèche des dépenses

«Charles et Magalie se demandaient s’ils devaient faire faillite tous les deux ou s’ils pouvaient transférer toutes les dettes à un seul conjoint afin de conserver le crédit de l’autre intact», explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin et Associés. Autrement dit: quelles solutions s’offrent à eux pour faire face aux nouvelles dépenses et ne pas hypothéquer la qualité de vie de leurs enfants?

Actuellement, le couple et leur fillette vivent dans un 4 1/2 dont le loyer est de 800$ par mois. Ils occupent cet appartement depuis le début de leurs études et ont donc bénéficié de faibles augmentations annuelles. En déménageant, ils devront opter pour un appartement plus grand et nécessairement plus coûteux, dont ils évaluent le loyer à 1400$ par mois.

Durant le premier congé de maternité de Magalie, ils n’ont pas réussi à réduire leurs dépenses et ont fait grimper leurs soldes de cartes de crédit, ce qui a généré des paiements mensuels de 540$ pour Charles et de 240$ pour Magalie. À cela s’ajoutent des paiements respectifs de 410$ et de 230$ pour rembourser leurs prêts étudiants. Ils sont donc très stressés à l’idée du deuxième congé, appréhendant une catastrophe financière.

Un plan pour s’en sortir

«Nous avons travaillé ensemble sur un budget afin de déterminer ce que coûtera leur nouveau logement, mais aussi quelles options sont envisageables pour leurs dettes existantes», indique Pierre Fortin.

Avec au moins une chambre supplémentaire et une augmentation de frais de chauffage en conséquence, leurs coûts d’habitation pourraient grimper à 700$ de plus par mois. Parallèlement, le congé de maternité retranchera environ 625$ net mensuellement dans leur budget, alors que les allocations familiales augmenteront dès la naissance des jumeaux à 930$ par mois.

Pour Charles, la meilleure solution consiste à déposer une proposition de consommateur, réduisant son endettement de 26 000$ à 12 000$, et ses paiements mensuels à 200$ par mois durant 5 ans au lieu de 860$. «Se trouvant sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, il pourra aussi suspendre le remboursement de son prêt étudiant pendant le congé de maternité de Magalie, ce qui leur donnera un peu d’oxygène», précise Pierre Fortin.

Pour sa part, Magalie n’aura pas à déposer de proposition puisque son endettement n’était pas très élevé et qu’il a été possible de mettre en place un plan de remboursement sur 36 mois.

 

SITUATION FINANCIÈRE
Dettes de Charles Montants Paiements mensuels
Cartes de crédit 18 000$ 540$
Prêt étudiant 30 000$ 410$
Prêt personnel 8000$ 320$
Total: 56 000$ 1270$

Revenus de Charles: 52 000$ brut/an

 

Dettes de Magalie Montants Paiements mensuels
Cartes de crédit 8000$ 240$
Prêt étudiant 9000$ 230$
Total: 17 000$ 470$

  Revenus de Magalie: 41 000$ brut/an

**Le nom des personnes a été changé afin de préserver leur anonymat.**